Japan Expo 2022 Interview – L’enfant du mois de Kamiari : l’équipe du film
À l’occasion de Japan Expo 21e Impact, l’équipe de Mangacast a rencontré l’équipe derrière le film L’enfant du mois de Kamiari, que vous pouvez retrouver sur Netflix pour ceux qui n’auraient pas encore eu l’occasion de le visionner. L’équipe a profité de cette entrevue pour discuter avec eux des difficultés rencontrés lors de la production pour cause de Covid mais aussi sur ce qu’ils souhaitaient partager comme message avec ce film : le premier pour cette équipe.
Pour cela, nous vous proposons, pour changer, non pas une écoute mais un peu de lecture. Rendez-vous ci-dessous pour découvrir son interview.
Interviewers : Thundergeek & Blackjack.
Transcription : Gensen
Transcription de l’interview
Messieurs, bonjour et merci à vous d’être venus à Paris pour Japan Expo.
Nous aurions une première question générale : certains d’entre vous étaient venus lors de la dernière édition de Japan Expo en 2019 avant le COVID pour présenter le film encore en production à ce moment-là, entre-temps le Covid est passé par là, comment la production du film a été impactée par cette pandémie ?
SUWA : Avec le Covid, les réunions et les échanges autour du projet étaient en effet bien compliqués. Ce qui était difficile pour moi à superviser c’était notamment le doublage car en général c’est réalisé en équipe, en groupe donc. Mais comme il y avait une limite de personnes, avec un maximum de trois autorisées dans le studio, quand on sait qu’au Japon l’échange entre doubleurs et le staff est important, c’était réellement un défi d’arriver à le finaliser.
ASHIZAWA : J’ai réalisé le doublage du professeur de Kana, mais comme M. SUWA l’a dit c’était difficile de le faire seul dans un studio avec si peu de monde car je devais penser la réaction des élèves quand je faisais le professeur, mais sans ces derniers en face de moi. J’ai essayé d’être le plus réaliste possible dans mon jeu dans ce genre de situation.
SHINOHE : On a également rencontré un problème de déplacement, car nous n’arrivions pas à aller de Tokyo à Izumo pour le tournage. À l’époque le gouvernement japonais avait en effet imposé une limite de déplacement donc les repérages étaient plus difficiles.
M. SUWA, quels ont été vos apports sur le film : étiez-vous juste un conseiller technique par votre grande expérience ou vous êtes-vous impliqué plus personnellement et artistiquement dans le projet ?
En fait avec mes 36 ans de carrière, j’ai souhaité aider des personnes qui se lançaient dans un projet d’animation pour la première fois et je me suis donc occupé des relations professionnelles en mettant à disposition mes compétences et mes contacts : j’ai ainsi pu trouver un bon seiyuu Akira KAMIYA qui double Ōkuninushi dans le film.
Dans ce dernier, on parle de lien entre les personnes, « en » en japonais, en réalité il y a aussi ce lien entre ces personnes qui ont réalisé ce film, il y a donc un aspect miraculeux un peu derrière.
SHINOHE : J’ai appris pour ma part la méthode de Détective Conan auprès de monsieur Suwa, c’est-à-dire utiliser un objet avec un rôle important pour véhiculer un message. Par exemple, dans L’enfant du mois de Kamiari, ce rôle est tenu par le bracelet de Kana : il a un lien avec le fait qu’elle court, décide ne plus le faire en le mettant dans ses cheveux. Mais c’est grâce à ce dernier qu’on transmet sa volonté derrière, et c’est donc M. SUWA qui m’a appris cette méthode.
M. SHINOHE, d’où vous est venu le choix de parler de « kamiari » qui est très japonais et spécifique, dont même les Japonais ne sont pas au courant de toutes les spécificités, est-ce un but de montrer aux Japonais et au monde tout le symbole de kamiari et des divinités et du rapport du Japon aux dieux shinto, ou est-ce plutôt un prétexte pour parler de la question du deuil et de l’espoir, et de l’abandon qui sont les thématiques liées à Kana ?
En fait, un ancien producteur du studio Ghibli m’a raconté qu’il y a deux axes à une histoire, un vertical et un horizontal : ici l’horizontal, c’est l’univers. C’est le fait que les dieux disparaissent de tout le Japon pour arriver à Izumo, et l’axe vertical de l’histoire ce serait plutôt la relation de la mère de Kana avec sa fille. Cette histoire est ainsi la combinaison de ces deux axes, au croisement de ces derniers se trouvent le fameux « en », ce lien si important, et c’est ce qui m’a convaincu d’utiliser ce sujet en particulier.
Comment en êtes-vous arrivé au choix de mettre en avant certaines divinités plutôt que d’autres sachant que certains kami sont juste là de séquence un peu pour le montage, alors que d’autres ont plus d’importance notamment dans le dialogue, était-ce une manière d’en mettre certaines plus importantes en avant ou est-ce plutôt lié au scénario et se dire que ce serait plus intéressant de mettre tel kami en avant vis-à-vis de Kana ?
SHINOHE : Les deux en réalité car il y a les dieux de Izumo dont des dragons, mais aussi Ebisu, l’enfant du dieu de Izumo qui représente le lien parental qui permettait de combiner la relation de Kana et sa mère. Mais le dieu signifie aussi comme la représentation de la nature et les animaux, donc j’ai choisi des dieux qui pouvaient être intéressant du point de vue de l’animation directement derrière.
UKO : On a également réalisé une différence entre acteur de doublage et simple acteur car ceux qui ont doublé les dieux étaient des seiyuu professionnels contrairement aux humains joués par de simples acteurs, afin d’ajouter à l’histoire.
SHINOHE : Nous avons en effet choisi de simples acteurs pour représenter les humains, et des dieux par des seiyuu professionnels.
ASHIZAWA : Je savais donc pourquoi on m’avait choisi sur ce projet, et j’ai essayé de jouer plutôt de façon réaliste pour mon rôle à l’écran.
Auriez-vous un message pour vos fans français et ceux qui découvriront le film après votre passage ?
SUWA : En France, les Français apprécient l’animation japonaise et je les remercie pour cela. Ce film représente vraiment une partie du Japon, avec de belles images de ce pays donc j’aimerais beaucoup que les Français comprennent encore davantage la culture japonaise à travers ce film, cela me plairait.
SHINOHE : Il y a certes l’idée des relations entre les dieux et les humains dans ce film, mais ici c’est surtout l’histoire d’une jeune fille qui se remet à courir pour retrouver ce qu’elle aime. Pendant la période de pandémie, nous avions de nombreuses frustrations et notamment le fait de ne pas pouvoir faire ce qu’on souhaitait. En regardant ce film, j’espère que les gens redécouvriront ce qu’ils aiment réellement et auront le courage de réaliser ce dont ils ont envie.
UKO : Il y a beaucoup de paysages japonais dans ce film, donc si vous les appréciez, venez les découvrir au Japon. Il y a également depuis le 1er juillet un NFT au sujet d’une exposition virtuelle du film L’enfant du mois de Kamiari, on vous invite à la découvrir pour compléter votre visionnage.
ASHIZAWA : J’aimerais bien que vous regardiez ce film en version originale afin d’écouter ma voix, tout simplement (Rires).
Merci beaucoup à tous.
Continuez le débat avec l’équipe sur Discord
Suivez nous sur les réseaux sociaux !
Nos partenaires :
Remerciements :
La librairie Hayaku Shop, et VOUS ! 🙂
Laissez votre commentaire