Japan Expo 2022 Interview – KOTTERI
À l’occasion de Japan Expo 21e Impact, l’équipe de Mangacast a rencontré KOTTERI, la mangaka phare du catalogue de Noeve GrafX, qui comme son éditeur français, venait pour la première fois à Japan Expo. Le moment idéal pour la questionner sur son travail autour de la série Veil, mais aussi sur ses autres collaborations afin d’en apprendre davantage sur ses travaux, terminés et en cours.
Pour cela, nous vous proposons, pour changer, non pas une écoute mais un peu de lecture. Rendez-vous ci-dessous pour découvrir son interview.
Interviewers : Thundergeek & Blackjack.
Transcription : Gensen
Transcription de l’interview
Bonjour, et merci tout d’abord de votre venue en France et d’avoir accepté cette petite interview. Commençons avec une question simple : comment êtes-vous venue au dessin ?
Je pense que cela a commencé dès le jardin d’enfant (ndlr : à partir de 1/2 ans jusqu’au primaire) où j’ai commencé à dessiner, puis ensuite je le faisais vraiment tous les jours.
À quel moment vous êtes-vous dit que vous vouliez devenir mangaka ?
Au collège je pense, même si ce n’était pas encore bien défini dans mon esprit, je m’étais dit « pourquoi pas devenir mangaka ? » mais c’est au lycée que j’étais davantage déterminée et je savais que c’était la voie que je voulais réellement faire.
Dans une interview donnée à nos confrères du magazine Animeland (ndlr : l’interview est à retrouver dans le Animeland N°240) , vous y avouez votre passion pour Jojo’s Bizarre Adventure. Y a-t-il d’autre mangaka qui vous ont influencés ?
En plus de Hirohiko Araki (Jojo’s Bizarre Adventure), il y a Katsuhiro Otomo (Akira), Takehiko Inoue (Slam Dunk) et Yûsuke Murata (EyeShield 21)
C’est intéressant car ce sont majoritairement des auteurs de shônen. Or quand on regarde votre travail sur Veil, on pense plutôt à du seinen ou du josei (catégorie éditoriale ciblant les femmes adultes). Au final les shônen vous ont-ils inspiré pour la création de Veil ?
C’est totalement différent en effet, et je ne me suis pas du tout basée sur des shônen pour réaliser Veil.
Pour autant on retrouve dans Veil la même élégance et le même sens de l’esthétisme que dans les inter-chapitres de Jojo, où Araki faisait des croquis qui semblait sortir d’imagerie de mode. Serait- ce une référence directe ou plutôt une passion commune pour la mode, les arts et la beauté en général ?
Il se trouve qu’avant Veil, je dessinais pas mal de fan-art de Jojo, surtout des 3e & 5e parties (NDLR : respectivement Stardust Crusaders & Golden Wind). En 2013, Maitre Araki a collaboré avec la marque GUCCI et proposé une série de dessins mettant notamment en scène les protagonistes de Golden Wind habillés par la marque (rires). Et à partir de là, la mode a commencé à m’influencer et à m’intéresser beaucoup plus.
Veil repose sur des échanges entre 2 personnages anonymes, Elle et Lui. Comment vous est venue l’idée de ces deux personnages ? Qu’est ce qui a inspiré pour la base de leur relation, à savoir Elle qui est aveugle et Lui qui travaille dans les forces de l’ordre ?
Au départ, j’ai juste fait un dessin de quatre personnages avec des manteaux, et deux d’entre eux étaient une femme avec les yeux fermés, et un homme très grand. J’ai commencé à imaginer des conversations entre eux, et ces moments qui se suivent. Des conversations un peu élégantes en fait.
Comment la relation entre les deux personnages vous est venue en tête avec cette dualité, mais surtout cette complémentarité de l’un ayant besoin de l’autre ?
J’aime l’idée que l’homme laisse la femme un peu libre et la laisser faire ce qu’elle veut, et c’est vrai que je veux laisser libre court à l’imagination des lecteurs les concernant. Même sur le fait que le personnage féminin garde les yeux fermés, je veux laisser l’imagination du lecteur choisir et je n’affirme pas qu’elle soit aveugle, je laisse libre le lecteur sur ce point.
Vous avez mis en case un autre manga qui est Chroniques des 7 cités (également publié chez Noeve Grafx), basé sur une œuvre de Yoshiki Tanaka, auteur entre autres des sagas Les Chroniques d’Arslân et Les Héros de la Galaxie. Comment avez-vous pensé votre travail pour adapter un tel monument de la littérature japonaise ?
Il faut savoir qu’à la base il est difficile pour moi de trouver des idées pour faire une œuvre originale. Je me suis donc dit que reprendre une histoire existante pourrait être un exercice intéressant. C’est alors que mon assistante m’a présentée le titre de Mr Tanaka pour me proposer de l’adapter. Je l’ai donc lu et j’ai réellement apprécié ma lecture. Je me suis dit que ça pouvait faire un bon manga.
Récemment vous avez démarré deux nouvelles séries au Japon, avec là aussi deux grands auteurs : Kiryû Keisatsu, basé sur une oeuvre de Ryôe Tsukimura (Noir, El Hazard), et Hachigatsu no Sora Hôsei no Kodama, écrit par Carlo Zen (Tanya the Evil). Bien que ces auteurs aient des styles très différents, on remarque un attrait commun pour les uniformes et l’esthétique militaire en général. Est-ce quelque chose qui vous aimez dessiner ?
Oui c’est vrai que j’aime bien ça (rires). Mais vous savez pour Kiryû Keisatsu, ce n’est pas moi qui suis aux commandes mais Kazu Inabe (NDLR : Starving Anonymous). J’ai plutôt un rôle de consultante sur ce projet, c’est-à-dire que j’aide Mr Inabe sur différents aspects de l’adaptation comme le story-boarding, le découpage et la mise en scène par exemple.
Vous travaillez donc avec Carlo Zen sur Hachigatsu no Sora Hôsei no Kodama. Ce dernier est connu pour son œuvre à forte imagerie militaire laissant croire à une vision radicale et extrême. Pour autant, si on s’intéresse plus particulièrement aux sous-textes, son discours irait plutôt vers une pensé plus populaire. Est-ce que vous ressentez cette opposition entre une apparence militaire et un questionnement presque pacifique dans le rapport à la guerre et si oui en quoi cela influence-t-il votre travail ?
Son travail est effectivement très politique et cette œuvre est politique. En lisant le scénario je me suis même dit que c’était un peu compliqué pour moi. J’ai donc plutôt décidé de me focaliser sur l’esthétique des personnages, mais surtout sur leurs représentations. Je souhaitais les humaniser et les rendre attachant pour que le lecteur puisse s’attacher à eux très vite. C’est ce qui m’importait le plus au final.
(ndlr : Kotteri nous a révélé après notre entretien que le titre du manga que nous avions était provisoire. Le titre est passé de Hachigatsu no Sora Hôsei no Kodama (Le ciel du mois d’Août et l’esprit de la poudre à canon) à Ashita no Teki to Kyô no (L’allié d’aujourd’hui est l’ennemi de demain) et que le titre ne parlait pas de conflit armé à proprement parler mais de diplomates tentant d’empêcher la guerre)
Pour terminer, avez-vous un dernier message pour vos lecteurs en France qui vous suivent depuis presque 2 ans maintenant ?
Je suis tellement contente d’être en France et de pouvoir répondre à toutes ces interviews que j’ai failli en oublier de répondre aux lecteurs, vous avez raison de me le rappeler. Je vous remercie toutes et tous d’avoir lu Veil, cela me touche énormément et je vais faire en sorte de continuer à vous satisfaire. J’espère que vous aimerez toujours autant la série à l’avenir !
Merci beaucoup à vous.
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