Archives Mensuelles: décembre 2022
Japan Expo 2022 Interview – L’enfant du mois de Kamiari : l’équipe du film
À l’occasion de Japan Expo 21e Impact, l’équipe de Mangacast a rencontré l’équipe derrière le film L’enfant du mois de Kamiari, que vous pouvez retrouver sur Netflix pour ceux qui n’auraient pas encore eu l’occasion de le visionner. L’équipe a profité de cette entrevue pour discuter avec eux des difficultés rencontrés lors de la production pour cause de Covid mais aussi sur ce qu’ils souhaitaient partager comme message avec ce film : le premier pour cette équipe.
Pour cela, nous vous proposons, pour changer, non pas une écoute mais un peu de lecture. Rendez-vous ci-dessous pour découvrir son interview.
Interviewers : Thundergeek & Blackjack.
Transcription : Gensen
Transcription de l’interview
Messieurs, bonjour et merci à vous d’être venus à Paris pour Japan Expo.
Nous aurions une première question générale : certains d’entre vous étaient venus lors de la dernière édition de Japan Expo en 2019 avant le COVID pour présenter le film encore en production à ce moment-là, entre-temps le Covid est passé par là, comment la production du film a été impactée par cette pandémie ?
SUWA : Avec le Covid, les réunions et les échanges autour du projet étaient en effet bien compliqués. Ce qui était difficile pour moi à superviser c’était notamment le doublage car en général c’est réalisé en équipe, en groupe donc. Mais comme il y avait une limite de personnes, avec un maximum de trois autorisées dans le studio, quand on sait qu’au Japon l’échange entre doubleurs et le staff est important, c’était réellement un défi d’arriver à le finaliser.
ASHIZAWA : J’ai réalisé le doublage du professeur de Kana, mais comme M. SUWA l’a dit c’était difficile de le faire seul dans un studio avec si peu de monde car je devais penser la réaction des élèves quand je faisais le professeur, mais sans ces derniers en face de moi. J’ai essayé d’être le plus réaliste possible dans mon jeu dans ce genre de situation.
SHINOHE : On a également rencontré un problème de déplacement, car nous n’arrivions pas à aller de Tokyo à Izumo pour le tournage. À l’époque le gouvernement japonais avait en effet imposé une limite de déplacement donc les repérages étaient plus difficiles.
M. SUWA, quels ont été vos apports sur le film : étiez-vous juste un conseiller technique par votre grande expérience ou vous êtes-vous impliqué plus personnellement et artistiquement dans le projet ?
En fait avec mes 36 ans de carrière, j’ai souhaité aider des personnes qui se lançaient dans un projet d’animation pour la première fois et je me suis donc occupé des relations professionnelles en mettant à disposition mes compétences et mes contacts : j’ai ainsi pu trouver un bon seiyuu Akira KAMIYA qui double Ōkuninushi dans le film.
Dans ce dernier, on parle de lien entre les personnes, « en » en japonais, en réalité il y a aussi ce lien entre ces personnes qui ont réalisé ce film, il y a donc un aspect miraculeux un peu derrière.
SHINOHE : J’ai appris pour ma part la méthode de Détective Conan auprès de monsieur Suwa, c’est-à-dire utiliser un objet avec un rôle important pour véhiculer un message. Par exemple, dans L’enfant du mois de Kamiari, ce rôle est tenu par le bracelet de Kana : il a un lien avec le fait qu’elle court, décide ne plus le faire en le mettant dans ses cheveux. Mais c’est grâce à ce dernier qu’on transmet sa volonté derrière, et c’est donc M. SUWA qui m’a appris cette méthode.
M. SHINOHE, d’où vous est venu le choix de parler de « kamiari » qui est très japonais et spécifique, dont même les Japonais ne sont pas au courant de toutes les spécificités, est-ce un but de montrer aux Japonais et au monde tout le symbole de kamiari et des divinités et du rapport du Japon aux dieux shinto, ou est-ce plutôt un prétexte pour parler de la question du deuil et de l’espoir, et de l’abandon qui sont les thématiques liées à Kana ?
En fait, un ancien producteur du studio Ghibli m’a raconté qu’il y a deux axes à une histoire, un vertical et un horizontal : ici l’horizontal, c’est l’univers. C’est le fait que les dieux disparaissent de tout le Japon pour arriver à Izumo, et l’axe vertical de l’histoire ce serait plutôt la relation de la mère de Kana avec sa fille. Cette histoire est ainsi la combinaison de ces deux axes, au croisement de ces derniers se trouvent le fameux « en », ce lien si important, et c’est ce qui m’a convaincu d’utiliser ce sujet en particulier.
Comment en êtes-vous arrivé au choix de mettre en avant certaines divinités plutôt que d’autres sachant que certains kami sont juste là de séquence un peu pour le montage, alors que d’autres ont plus d’importance notamment dans le dialogue, était-ce une manière d’en mettre certaines plus importantes en avant ou est-ce plutôt lié au scénario et se dire que ce serait plus intéressant de mettre tel kami en avant vis-à-vis de Kana ?
SHINOHE : Les deux en réalité car il y a les dieux de Izumo dont des dragons, mais aussi Ebisu, l’enfant du dieu de Izumo qui représente le lien parental qui permettait de combiner la relation de Kana et sa mère. Mais le dieu signifie aussi comme la représentation de la nature et les animaux, donc j’ai choisi des dieux qui pouvaient être intéressant du point de vue de l’animation directement derrière.
UKO : On a également réalisé une différence entre acteur de doublage et simple acteur car ceux qui ont doublé les dieux étaient des seiyuu professionnels contrairement aux humains joués par de simples acteurs, afin d’ajouter à l’histoire.
SHINOHE : Nous avons en effet choisi de simples acteurs pour représenter les humains, et des dieux par des seiyuu professionnels.
ASHIZAWA : Je savais donc pourquoi on m’avait choisi sur ce projet, et j’ai essayé de jouer plutôt de façon réaliste pour mon rôle à l’écran.
Auriez-vous un message pour vos fans français et ceux qui découvriront le film après votre passage ?
SUWA : En France, les Français apprécient l’animation japonaise et je les remercie pour cela. Ce film représente vraiment une partie du Japon, avec de belles images de ce pays donc j’aimerais beaucoup que les Français comprennent encore davantage la culture japonaise à travers ce film, cela me plairait.
SHINOHE : Il y a certes l’idée des relations entre les dieux et les humains dans ce film, mais ici c’est surtout l’histoire d’une jeune fille qui se remet à courir pour retrouver ce qu’elle aime. Pendant la période de pandémie, nous avions de nombreuses frustrations et notamment le fait de ne pas pouvoir faire ce qu’on souhaitait. En regardant ce film, j’espère que les gens redécouvriront ce qu’ils aiment réellement et auront le courage de réaliser ce dont ils ont envie.
UKO : Il y a beaucoup de paysages japonais dans ce film, donc si vous les appréciez, venez les découvrir au Japon. Il y a également depuis le 1er juillet un NFT au sujet d’une exposition virtuelle du film L’enfant du mois de Kamiari, on vous invite à la découvrir pour compléter votre visionnage.
ASHIZAWA : J’aimerais bien que vous regardiez ce film en version originale afin d’écouter ma voix, tout simplement (Rires).
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Japan Expo 2022 Interview – YUKIO TAKATSU
À l’occasion de Japan Expo 21e Impact, l’équipe de Mangacast a rencontré Yukio TAKATSU, un animateur et réalisateur spécialisé dans les génériques d’anime, que vous connaissez sûrement avec le 17e opening de Naruto Shippuden ou les opening de March comes in like a lion entres autres. L’équipe a profité de ce moment pour le questionner sur sa manière de travailler et d’appréhender son métier alors même qu’il vit à des milliers de km du Japon, puisqu’il réside en France.
Pour cela, nous vous proposons, pour changer, non pas une écoute mais un peu de lecture. Rendez-vous ci-dessous pour découvrir son interview.
Interviewers : Thundergeek & Gensen.
Transcription : Gensen
Transcription de l’interview
Bonjour, monsieur Takatsu, et merci de nous offrir un peu de votre temps.
Pour débuter, comment vous est venue votre passion de l’animation et quand avez-vous décidé d’en faire votre métier ?
Depuis mon plus jeune âge, j’aimais regarder des animés, notamment ceux avec des mecha. Au lycée, une des œuvres que j’aimais beaucoup, n’était autre que Samouraï troopers – les samouraï de l’éternel, et cela m’a donné envie de devenir animateur.
On vous connaît surtout pour votre travail sur différents types de génériques, que ce soient des génériques de début, les opening, ou de fin, les ending. Pour vous, comment peut-on marquer l’esprit du spectateur en un si court laps de temps, comment le fait-on en à peine 1min30 ?
Mon travail consiste surtout à associer l’image à la musique qui existe déjà, et m’inspirer de cette musique pour créer le même univers en travaillant sur le rythme, le tempo, etc… et comment relier les deux pour que cela soit fluide à ceux qui le regardent.
Quand on fait un opening, on travaille avec les musiciens et les artistes, ou est-ce indépendant, à moins qu’on vous dise que c’est tel artiste et tel morceau et c’est à vous de vous adapter ?
En fait la musique est déjà faite, et c’est par rapport à celle qu’on nous envoie que je travaille.
Vous avez des spécificités qu’on retrouve dans vos différents travaux, aussi bien sur la série des Monogatari que celle de March comes in like a lion ou Naruto, personnellement on trouve que vos effets de transitions sont très intéressants. Plutôt que faire des cut comme bon nombre d’animateurs vous optez pour quelque chose qui se rapproche du travail de Satoshi Kon, un travail de transition assez fluide où des effets de perspective et de déformation viennent amener une séquence sur une autre. Quand vous parliez de rythme et de tempo, est-ce à cette fluidité que vous pensiez et à ces effets que seule l’animation peut donner ?
Effectivement, la notion du tempo et du rythme est très importante dans ce travail, j’essaie aussi de garder les méthodes assez traditionnelles qu’on retrouve souvent, mais en même temps de laisser mon empreinte, et de travailler à chaque fois ce rythme à ma manière et spécifique.
Dans les autres spécificités de votre travail, on retrouve l’usage de formes géométriques : notamment des carrés et des rectangles, est-ce que c’est une façon pour vous de représenter des cases comme pour le manga ou ces formes ont-elles simplement une symbolique pour vous ?
Je n’ai jamais pensé à des cases de mangas. Ce n’est pas tout à fait symbolique non plus, mais c’est vraiment pour se raccorder à la musique et faire un lien.
Vous êtes très connu pour votre travail sur la série des Monogatari qui est l’œuvre de Nisio Isin, un auteur assez particulier dans sa manière d’écrire, le studio Shaft a d’ailleurs fait une mise en scène en conséquence qui l’accompagne, est-ce que pour vous c’était un terrain pour tester des techniques d’animation un peu folles et différentes afin de vous faire plaisir comme cet anime est un peu étrange ?
C’est très perspicace comme question. Effectivement comme vous le dites, il s’agit d’un travail qui était assez libre dans l’approche : j’ai pu tester beaucoup de choses et surtout de nouvelles méthodes, oui.
On l’a dit tout à l’heure, vous avez travaillé sur un opening de Naruto Shippuden, le 17e. À titre personnel, c’est un opening qui nous plaît beaucoup visuellement et musicalement, même si la musique n’est pas de votre ressort. Pour revenir à votre travail visuel, c’est un opening, qui fait très japonais et qui reprend le style d’estampe de l’ukiyo-e, et qui joue avec les effets de transitions dont on parlait juste avant, avec des rappels à la culture japonaise : les portes en papier, la manière d’écrire en calligraphie… Était-ce une demande de la production du studio Pierrot ou est-ce votre idée et votre vision de Naruto ? Car c’est un ninja, c’est le Japon et vous deviez faire quelque chose de japonais et vous vous êtes alors dit que vous alliez mêler votre style à celui de la série ?
Comme vous l’avez dit, pour cet opening, il n’y a pas eu de demande particulière par le studio de production, mais en effet Naruto est une œuvre reliée au Japon, de façon traditionnelle, avec les ninjas, etc. c’est pourquoi j’ai fait ce choix. Notamment aussi pour pouvoir marquer le public étranger du fait que Naruto est une œuvre très connue à l’international.
Une autre spécificité de votre travail dont on n’a pas encore parlé, c’est le fait que vous animez souvent seul. Cet opening de Naruto par exemple a été animé quasiment seul, tout comme celui de March comes in like a Lion : en terme de travail est-ce que vous le faites car vous vivez à l’étranger, précisément ici en France, ou est-ce votre propre technique de travail ? Vous préférez travailler seul et expérimenter seul, car travailler avec une équipe serait trop compliqué ?
La raison principale d’animer seul vient du fait que je préfère le faire moi-même plutôt que l’expliquer à quelqu’un donc j’arrive mieux à contrôler mon travail. Mais effectivement travailler en équipe relève des points positifs également, mais je travaille quand même tout seul.
Lors de votre conférence sur cette 21e édition de Japan Expo 2022, vous avez parlé de votre attrait pour la pop culture anglo-saxonne, notamment David Lynch et Stanley Kubrick. Le travail de Kubrick vous a-t-il influencé pour votre propre travail personnel ? Notamment sur l’aspect pictural de Kubrick qui était photographe et vous essayez de retranscrire quelque chose peut-être d’esthétiquement important dans vos opening, ou plutôt l’étrangeté de certains montages comme dans Eyes what shot où des détails peuvent échapper à l’œil du spectateur et vous faites en sorte de mettre beaucoup de mouvement et de matière pour perdre le spectateur qui va devoir revoir vos opening pour tous les découvrir ?
Effectivement j’ai fait référence à la culture pop américaine, avec Kubrick et Lynch, mais j’ai surtout pris mes inspirations dans les films européens et russes, donc plutôt occidentales qu’américaines. D’ailleurs Kubrick et Lynch ne sont pas représentatifs de cette culture anglo-saxonne. Évidemment j’aime aussi les films français.
Vous vous êtes fait connaître également par un opening, celui de Persona 3, le jeu vidéo : ce qui est intéressant si on regarde les opening récents de la série comme celui de Persona 5 et tout ce qui s’en suit, on retrouve des techniques d’animation que vous avez utilisées sur la série des Monogatari, notamment votre travail sur Karen bee dans Nisemonogatari où il y a un gros travail de volutes de fumées et d’impact. C’est ce qu’on retrouve beaucoup dans l’esthétique de Persona 5 avec les voleurs fantômes, et la manière dont ils se posent au sol avec des impacts forts. Pensez-vous que les animateurs récents se sont inspirés de vos travaux ou pensez-vous que c’est un pur hasard ?
Personnellement je ne regarde pas trop les animés, donc aucune idée, mais si je vois qu’on s’inspire de mes travaux, j’en serai très honoré.
Dernière question, et la plus simple peut-être, est-ce que vous auriez un message pour vos fans français ou les simples auditeurs de notre émission s’intéressant à la culture et à l’animation japonaise ?
La question la plus simple est la plus difficile (Rires). En participant à Japan Expo, je vois l’attitude très respectueuse des Français et des Européens qui participent à cet évènement, et j’en suis très content et honoré. Au contraire je respecte moi-même la culture européenne et française, et j’espère que cela pourra créer de nouvelles formes de liens, notamment dans mes travaux, et j’espère que vous suivrez encore mon travail par la suite.
Merci beaucoup à vous.
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Japan Expo 2022 Interview – KOTTERI
À l’occasion de Japan Expo 21e Impact, l’équipe de Mangacast a rencontré KOTTERI, la mangaka phare du catalogue de Noeve GrafX, qui comme son éditeur français, venait pour la première fois à Japan Expo. Le moment idéal pour la questionner sur son travail autour de la série Veil, mais aussi sur ses autres collaborations afin d’en apprendre davantage sur ses travaux, terminés et en cours.
Pour cela, nous vous proposons, pour changer, non pas une écoute mais un peu de lecture. Rendez-vous ci-dessous pour découvrir son interview.
Interviewers : Thundergeek & Blackjack.
Transcription : Gensen
Transcription de l’interview
Bonjour, et merci tout d’abord de votre venue en France et d’avoir accepté cette petite interview. Commençons avec une question simple : comment êtes-vous venue au dessin ?
Je pense que cela a commencé dès le jardin d’enfant (ndlr : à partir de 1/2 ans jusqu’au primaire) où j’ai commencé à dessiner, puis ensuite je le faisais vraiment tous les jours.
À quel moment vous êtes-vous dit que vous vouliez devenir mangaka ?
Au collège je pense, même si ce n’était pas encore bien défini dans mon esprit, je m’étais dit « pourquoi pas devenir mangaka ? » mais c’est au lycée que j’étais davantage déterminée et je savais que c’était la voie que je voulais réellement faire.
Dans une interview donnée à nos confrères du magazine Animeland (ndlr : l’interview est à retrouver dans le Animeland N°240) , vous y avouez votre passion pour Jojo’s Bizarre Adventure. Y a-t-il d’autre mangaka qui vous ont influencés ?
En plus de Hirohiko Araki (Jojo’s Bizarre Adventure), il y a Katsuhiro Otomo (Akira), Takehiko Inoue (Slam Dunk) et Yûsuke Murata (EyeShield 21)
C’est intéressant car ce sont majoritairement des auteurs de shônen. Or quand on regarde votre travail sur Veil, on pense plutôt à du seinen ou du josei (catégorie éditoriale ciblant les femmes adultes). Au final les shônen vous ont-ils inspiré pour la création de Veil ?
C’est totalement différent en effet, et je ne me suis pas du tout basée sur des shônen pour réaliser Veil.
Pour autant on retrouve dans Veil la même élégance et le même sens de l’esthétisme que dans les inter-chapitres de Jojo, où Araki faisait des croquis qui semblait sortir d’imagerie de mode. Serait- ce une référence directe ou plutôt une passion commune pour la mode, les arts et la beauté en général ?
Il se trouve qu’avant Veil, je dessinais pas mal de fan-art de Jojo, surtout des 3e & 5e parties (NDLR : respectivement Stardust Crusaders & Golden Wind). En 2013, Maitre Araki a collaboré avec la marque GUCCI et proposé une série de dessins mettant notamment en scène les protagonistes de Golden Wind habillés par la marque (rires). Et à partir de là, la mode a commencé à m’influencer et à m’intéresser beaucoup plus.
Veil repose sur des échanges entre 2 personnages anonymes, Elle et Lui. Comment vous est venue l’idée de ces deux personnages ? Qu’est ce qui a inspiré pour la base de leur relation, à savoir Elle qui est aveugle et Lui qui travaille dans les forces de l’ordre ?
Au départ, j’ai juste fait un dessin de quatre personnages avec des manteaux, et deux d’entre eux étaient une femme avec les yeux fermés, et un homme très grand. J’ai commencé à imaginer des conversations entre eux, et ces moments qui se suivent. Des conversations un peu élégantes en fait.
Comment la relation entre les deux personnages vous est venue en tête avec cette dualité, mais surtout cette complémentarité de l’un ayant besoin de l’autre ?
J’aime l’idée que l’homme laisse la femme un peu libre et la laisser faire ce qu’elle veut, et c’est vrai que je veux laisser libre court à l’imagination des lecteurs les concernant. Même sur le fait que le personnage féminin garde les yeux fermés, je veux laisser l’imagination du lecteur choisir et je n’affirme pas qu’elle soit aveugle, je laisse libre le lecteur sur ce point.
Vous avez mis en case un autre manga qui est Chroniques des 7 cités (également publié chez Noeve Grafx), basé sur une œuvre de Yoshiki Tanaka, auteur entre autres des sagas Les Chroniques d’Arslân et Les Héros de la Galaxie. Comment avez-vous pensé votre travail pour adapter un tel monument de la littérature japonaise ?
Il faut savoir qu’à la base il est difficile pour moi de trouver des idées pour faire une œuvre originale. Je me suis donc dit que reprendre une histoire existante pourrait être un exercice intéressant. C’est alors que mon assistante m’a présentée le titre de Mr Tanaka pour me proposer de l’adapter. Je l’ai donc lu et j’ai réellement apprécié ma lecture. Je me suis dit que ça pouvait faire un bon manga.
Récemment vous avez démarré deux nouvelles séries au Japon, avec là aussi deux grands auteurs : Kiryû Keisatsu, basé sur une oeuvre de Ryôe Tsukimura (Noir, El Hazard), et Hachigatsu no Sora Hôsei no Kodama, écrit par Carlo Zen (Tanya the Evil). Bien que ces auteurs aient des styles très différents, on remarque un attrait commun pour les uniformes et l’esthétique militaire en général. Est-ce quelque chose qui vous aimez dessiner ?
Oui c’est vrai que j’aime bien ça (rires). Mais vous savez pour Kiryû Keisatsu, ce n’est pas moi qui suis aux commandes mais Kazu Inabe (NDLR : Starving Anonymous). J’ai plutôt un rôle de consultante sur ce projet, c’est-à-dire que j’aide Mr Inabe sur différents aspects de l’adaptation comme le story-boarding, le découpage et la mise en scène par exemple.
Vous travaillez donc avec Carlo Zen sur Hachigatsu no Sora Hôsei no Kodama. Ce dernier est connu pour son œuvre à forte imagerie militaire laissant croire à une vision radicale et extrême. Pour autant, si on s’intéresse plus particulièrement aux sous-textes, son discours irait plutôt vers une pensé plus populaire. Est-ce que vous ressentez cette opposition entre une apparence militaire et un questionnement presque pacifique dans le rapport à la guerre et si oui en quoi cela influence-t-il votre travail ?
Son travail est effectivement très politique et cette œuvre est politique. En lisant le scénario je me suis même dit que c’était un peu compliqué pour moi. J’ai donc plutôt décidé de me focaliser sur l’esthétique des personnages, mais surtout sur leurs représentations. Je souhaitais les humaniser et les rendre attachant pour que le lecteur puisse s’attacher à eux très vite. C’est ce qui m’importait le plus au final.
(ndlr : Kotteri nous a révélé après notre entretien que le titre du manga que nous avions était provisoire. Le titre est passé de Hachigatsu no Sora Hôsei no Kodama (Le ciel du mois d’Août et l’esprit de la poudre à canon) à Ashita no Teki to Kyô no (L’allié d’aujourd’hui est l’ennemi de demain) et que le titre ne parlait pas de conflit armé à proprement parler mais de diplomates tentant d’empêcher la guerre)
Pour terminer, avez-vous un dernier message pour vos lecteurs en France qui vous suivent depuis presque 2 ans maintenant ?
Je suis tellement contente d’être en France et de pouvoir répondre à toutes ces interviews que j’ai failli en oublier de répondre aux lecteurs, vous avez raison de me le rappeler. Je vous remercie toutes et tous d’avoir lu Veil, cela me touche énormément et je vais faire en sorte de continuer à vous satisfaire. J’espère que vous aimerez toujours autant la série à l’avenir !
Merci beaucoup à vous.
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