Mangacast N°20 – Débat : Manga Français, qu’est-ce que c’est ? Quelle place sur le marché ?
On leur a donné plusieurs appellations : franga, manfra, manga français, et plus récemment global manga.
Elles, ce sont les bande-dessinées françaises et européennes dont le trait est inspiré des productions japonaises. Elles s’appellent Dreamland, City Hall, Radiant, Amour Sucré…
Toutes sont le fait d’artistes dont le point commun est de publier leurs ouvrages au format manga, en noir & blanc et dans un style graphique proche des œuvres nippones.
Mais peut-on classifier ces BD dans la même catégorie que les ouvrages venant du Japon ?
Leurs auteurs peuvent-ils être considérés comme des mangakas ?
Peut-on vraiment parler de « manga français » ?
Finalement, le manga qu’est-ce c’est ?
En compagnie d’Ahmed AGNE (des éditions Ki-oon) qui a lancé un concours ouvert aux auteurs français, et d’Alexandre SOYEZ (producteur dans l’audiovisuel, et ancien rédacteur en chef du site Mata-Web), nous tentons de répondre à ces questions et de comprendre la place que de telles œuvres occupent sur notre marché.
Mangacast n°20, d’Octobre 2014, est présenté par Marcy, Kobito et Kubo.
Fiche de l’émission
Numéro : 20
Saison : 02
Parution : Octobre 2014
Format : MP3, 128kbps
Durée : 120’00
Sujet : MANGA FRANÇAIS, QU’EST-CE QUE C’EST ?
Sommaire : Dossier, Nos Invités, Lien(s), Ending Theme
Animé par : Kubo
Avec : Marcy et Kobito
Téléchargement et abonnement
Écouter l’émission
Podcast: Play in new window | Download (Duration: 2:13:42 — 122.6MB)
On leur a donné plusieurs appellations : franga, manfra, manga français, et plus récemment global manga.
Elles, ce sont les bande-dessinées françaises et européennes dont le trait est inspiré des productions japonaises. Elles s’appellent Dreamland, City Hall, Radiant, Amour Sucré…
Toutes sont le fait d’artistes dont le point commun est de publier leurs ouvrages au format manga, en noir & blanc et dans un style graphique proche des œuvres nippones.
Mais peut-on classifier ces BD dans la même catégorie que les ouvrages venant du Japon ?
Leurs auteurs peuvent-ils être considérés comme des mangakas ?
Peut-on vraiment parler de « manga français » ?
Finalement, le manga qu’est-ce c’est ?
Quelques titres du genre « global manga »
Quelques BD couleur au style inspiré « manga »
Nos invités
Nom : Ahmed AGNE
Fonction : Co-fondateur des éditions Ki-oon
Twitter : –
Nom : Alexandre SOYEZ
Fonction : Producteur chez Harmonica Prod.
Twitter : @Alex_Jetblack
Lien(s) utile(s)
– Tremplin Manga Ki-oon : site du concours
– Ki-oon : site de l’éditeur
– Mata-Web : forum autour du manga et de l’animation japonaise
Réseaux sociaux :
Twitter : @ki_oon_Editions
Facebook : https://www.facebook.com/pages/Ki-oon-Éditions/105381832835459
AFTER, IN THE DARK ~ TORCH SONG
Origine : Macross Plus
Type : ED Theme
Artiste : Mai YAMANE
Auteur : Yoko KANNO
Compositeur : Yoko KANNO
Année : 1994
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Les opinions exprimées durant l’émission n’engagent que leurs auteurs.
© 2014 Mangacast / Asurada Prod.
OP Theme : Junjou ACTION (Tak MATSUMOTO/Koshi INABA), © Vermillion Records.
ED Theme : After, In The Dark ~ Torch Song (Yoko KANNO), © Victor Entertainement, Japan.
© DR.
Sentai School n’est pas un manga français. Déjà car les manga français n’existent pas, parce que c’est réducteur, et parce que pour en avoir parlé avec les auteurs, eux-mêmes rejettent fermement cette appellation purement marketing.
Ceci étant dit, je vais écouter l’émission.
PS : Jet, qu’est-ce que tu fous là !?
Écoute déjà, on pourra en discuter après si tu veux 😉
Selon l’une des « définitions » qui ont été données durant l’émission, Sentaï School serait à classer dans la catégorie « global manga » ou « manga français ».
Pourquoi dis-tu « réducteur » ?
C’est réducteur pour le manga (sous-entendu japonais) ou pour les œuvres françaises ?
Et si, de plus en plus d’auteurs disent faire du « manga » : Tony VALENTE ou Elsa BRANTS l’ont revendiqué par écrit.
D’autres non, mais leurs éditeurs le font pour eux. ^^;
L’exemple que je donne correspond justement a des auteurs qui ont été catalogués de cette façon sans qu’ils le demandent. D’ailleurs, Sentai School était chez Semic avant d’être parachuté dans la collection Yoma de Kami.
Leur argument (aux auteurs) était imparable : si « manga = BD japonaise », alors « manga français = BD japonaise française ». Cherchez l’erreur.
Après, que des auteurs ayant grandi avec les manga en reprennent l’esthétique et les codes, cela me parait parfaitement naturel.
La théorie et l’argumentaire défendus par Ahmed, soutenu par Kobito et Marcy, est de dire que le manga est globalisé, qu’il n’appartient plus au Japon et aux auteurs japonais.
Que finalement, en schématisant, tout ce qui N&B, simili format A5, et dont le graphisme et/ou la narration est inspirée par la culture graphique nippone, est du manga.
L’exemple que donne Ahmed pour le « rock français » ne me parait pas pertinent. Pour moi, « manga » est juste un mot pour désigner de la BD, sauf que c’est un mot japonais et qu’il se réfère donc à de la BD japonaise. De la même façon que les Anglophones utilisent le mot « comics ».
C’est à peu près ce que je dis là : http://www.mangacast.fr/emissions/emissions-de-2014/mangacast-n20-debat-manga-francais-quest-ce-cest-quelle-place-marche/comment-page-1/#comment-2779
Ça me semble être, avant tout, un mot pour désigner un genre/un marché domestique de la BD.
Ce qui me fait penser que ce fût un des premiers sujets abordés sur mon blog, 6 ans auparavant : http://gemini.neetwork.net/2008/11/07/topic-trollemique-1-les-manga-francais/
On aurait dû t’inviter alors ! ^^;
Je préfère que ce soit Jet qui se fasse bouffer par les talents d’orateur d’Ahmed.
Il a de bons arguments à proposer je trouve.
Mais j’ai été sévèrement frustré de devoir me cantonner à l’animation, et malgré que j’ai été obligé d’orienter un débat qui se déséquilibrait de trop.
Alors tout d’abord comme d’hab très bonne émission je me suis régalé 🙂
Ensuite, je dirais que je suis plutôt de l’avis d’Ahmed et de Kobito. Je ne vois pas pourquoi le manga serait uniquement Japonais.
D’ailleurs j’ai du mal à comprendre l’argument du « un manga ça parle du japon etc. ». Du coup si on part de se principe, tout ce qui est Cesare, Bride Stories, Ad Astra, etc. ne seraient donc pas des mangas ? Je pense que ce qui défini principalement le manga c’est déjà le format physique de l’oeuvre et le « style de dessin » (même si en effet on vois de plus en plus de BD avec de grosses influences manga du côté des dessins).
Même si je n’ai pas vraiment accroché à Save Me Pythie je considère que c’est clairement un manga (et pas un « global manga » ou un « manga français »).
Après c’est sûr que les auteurs qui ne revendiquent pas du tout leur oeuvre en tant que manga mais dont les éditeurs vendent celles-ci comme telles c’est déjà un peu plus difficile de se mettre d’accord (mais je part du principe que si l’auteur annonce que ce n’est pas du manga et bien c’en est pas).
Idem pour les différents poncifs. Les mangas en sont truffés et je pense que ça passe plus facilement quand l’auteur est japonais. Parce que dans l’esprit des gens le « manga = auteur japonais » est trop ancré et du coup un auteur français qui sort un manga ça devient une bizarrerie. Et au final on est beaucoup plus enclin à dire « ah ouais là ça se vois que c’est un auteur français » parce qu’on est, je pense, de suite plus exigeant. Pour revenir sur « Save me pythie », sans prendre en compte les touches d’humour très françaises/occidentales, le manga aurait très bien pu être fait par un auteur japonais.
Je pense d’ailleurs que ce côté humour très occidental c’est ce qui au final fait que Save me pythie fonctionne moins parce que les gens qui achètent du manga (surtout du manga humoristique) attendent généralement de l’humour japonais (qui est bien différent).
Ça pourrait être uniquement japonais, car c’est le nom que les japonais donnent à leur industrie domestique de la BD.
Pour ma part, le manga c’est un genre de BD qui défini la production locale nippone, comme on dit de la prod américaine qu’elle fait du comic book (avec des œuvres très différentes les unes des autres).
L’auteur ne me semble pas faire « l’origine », mais le marché oui.
Le manga « ça parle du Japon », pas forcément non, mais « ça parle Japon », oui.
Les mangakas voient l’histoire mondiale à travers leur prisme artistique, et les codes qu’ils connaissent. Il y a une vraie différence entre le traitement global des personnages de Cesare et de la série TV Borgia.
Mais, pour soutenir un peu Alexandre sur son propos, il est à noter que BOILET dis dans son « Manifeste de la Nouvelle Manga » : « sans doute une bonne moitié des histoires de la bande dessinée japonaise parle simplement des hommes et des femmes, de leur vie quotidienne ».
Ce qui est assez étrange, si tu pars du principe que c’est l’auteur qui décide si c’est du « manga » ou pas, c’est que nombreux sont ceux qui ne définissent pas leur œuvre comme du « manga », à contrario de l’éditeur, et particulièrement dans les « blockbusters » du secteur.
A propos de Save Me Pythie, je n’analyse pas du tout la situation comme toi.
De base, on sait que « l’humour » en manga ça ne fait pas vendre. On est assez peu réceptif à l’humour japonais, de façon globale.
Difficile de dire pourquoi cette œuvre vivote alors que son éditeur à mis le paquet.
Mais on voit, quand même, qu’à de rares exceptions le « global manga » ne fait pas vendre des kilotonnes de volumes. On a quelques jolies réussites (dont Dreamland et City Hall font parti), mais, pour l’instant, ça reste un peu à la marge du marché.
Difficile de dire de quelle façon ce « sous-genre » du manga (lui même genre de la BD) s’imposera sur le marché, mais il est sur que l’on va vers beaucoup de productions de ce genre. Ne serait-ce que par le nombre d’artistes inspirés, si ce n’est par l’attente du lectorat.
Est-ce que dans 5-10 ans, la question ne se posera plus, et que l’on parlera globalement de « manga », ou est-ce que le « sous-genre » perdurera, je ne saurais le dire… Mais j’ai hâte de voir ça 😉
En effet en tant que français nous avons la fâcheuse tendance à énormément ranger dans des cases distinctes sans trop de raisons. Je prends pour exemple « MouseGuard » (« La légende de la guarde » chez nous) de David Petersen qui est considéré comme un Comic aux USA et comme une BD de notre côté (en plus du format un peu bâtard qui ne colle ni aux BD ni aux Comics et personnellement en voyant le style de dessins et le format j’aurais tendance à le cataloguer en tant que BD plus qu’en tant que Comic). Idem pour « L’intrépide » qui est au format Comic (avec tous les codes du Comic) mais qui est référencé en tant que BD il me semble.
En fait je pense qu’en tant que français nous attachons les cases BD ou mangas à leurs formats (on l’a bien vu avec Bride Stories qui possède 2 éditions différentes pour toucher le public Manga et BD).
Mais même en sachant ça, je considère les Dream Land et autres Save me pythie comme des mangas et non des BD ou des Global Manga. En fait je pense que ce qui joue pas mal c’est que, comme le dit Kobito, il y a vraiment trop peu de mangas fait pas des auteurs français pour que ça ne nous choque pas. Si ça arrive un jour, le jour où ce sera démocratisé (comme le dit Kobito, quand il y aura 50 nouveaux mangas par mois fait par des auteurs français) cela nous choquera moins je pense.
Pour le coup des « global manga » qui font moins vendre comme tu le dit il faut aussi prendre en compte un paramètre : le volume existant de mangas fait par des auteurs non japonais. Ca ne me paraît pas forcément si étonnant quand je compare à ma situation. Au final, parmi toutes les séries existantes faites par des auteurs japonais (et ça en fait énormément), au final j’en suit quoi … 6~7 environ (grand max 10) ? Tout ça parce que parmi les trouzemilles séries existantes j’en ai trouvé 10 qui correspondent à mes goûts. Alors si on prend en plus en compte le fait qu’on est encore plus exigeant sur des séries d’auteurs non japonais (parce que c’est « différent » en quelques sortes) ça laisse de suite beaucoup moins de choix ^^
Pour faire un parallèle, un joueur PC trouvera plus facilement son bonheur sur Windows plutôt que sur Mac parce que tout simplement il y a beaucoup plus de choix et donc statistiquement plus de chances de trouver son bonheur.
Bref moi aussi j’ai hâte de voir cette évolution 🙂
Les « cases », ou plutôt les genres, sont pourtant utiles.
Bien que certaines œuvres (dans tous domaines artistiques) transcendent les genres, la plupart rentrent bien dans les codes définis à l’avance, et permettent de savoir vers quoi on va.
Ce n’est pas parce qu’un éditeur occidental modifie la publication d’une oeuvre que ça change ce qu’elle est. Pendant des années Viz à publié au format comic book ses mangas, ça ne change pas qu’ils éditaient Alita (Gunnm) ou les œuvres de TAKAHASHI.
L’intrépide, tout comme Doggybags aussi chez Ankama, sont bien référencés comme BD (sous entendue européenne), à raison car c’en est.
Tu parles de codes du « comic book », mais ces codes ont été tellement déstructurés depuis 10 ans, que je ne vois pas comment on pourrait les définir. McCloud à lui même avoué que le comic book avait puisé tellement d’influences graphiques et narratives (et notemment au manga), qu’il devenait compliqué de lui donner un contour simple.
Au final, tout ça démontre le sens de mon raisonnement : ce n’est pas le format qui fait le « genre » ou le « sous-genre », mais bien son origine.
Ça n’a pas de sens d’attendre les 50 parutions mensuelles, car ça n’arrivera jamais.
Kobito n’y crois pas. On n’aura jamais 1/3 de la production issue du marché local, c’est utopiste.
S’il ne sortait que 2-3 titres par an on pourrait dire que c’est marginal, tout en étant un genre existant, mais là avec plus de 10 nouveautés sur l’année, c’est un sous-genre installé, dont le volume de parutions correspond à son potentiel commercial.
Au mieux, en étant réaliste, on trouvera 10-15 sorties mensuelles à moyen/long terme du sous-genre « global manga ».
Je propose de lancer une nouvelle collection de mangas français qui s’appellera « puissance mangatique »c’est déja un succès:)
Il faudrait presque qu’un éditeur tente dangereusement un magazine de prépublication réservé aux Français ou alors comme Ki-oon sur internet mais une magazine de prépublication serai vraiment intéressant pour développer ce marché.
Un débat super animé, j’ai vraiment hâte de voir le résultat du concours Kioon.
Et savoir que « notre » travail a plu aux japonais, c’est assez plaisant :3
Kubo > n’oublie pas l’autre grand fan d’Adachi en France, je veux bien faire un stand dédié tous 3 avec Ahmed si il le veut XD
Il a l’air très cool Ahmed.
Je le trouve très intelligent dans tout ce qu’il dit. Je pense en particulieur que lancer des auteurs francais donne une image super positive d’une maison d’édition qu’on ne peut pas quantifier, par exemple dans le secteur des romans fantastiques Bragelonne marche bien avec des bouquins grands formats très chers mais ils lancent des auteurs français et du coup t’as l’impression que ton fric finance quelque chose d’interessant, une sorte de système vertueux. Parce que sinon dans l’absolu donner du fric à un tiers autre que l’auteur j’en ai rien à foutre… Mais que quelqu’un donne publie des auteurs français, ça ça me semble sympa…
Par contre j’ai eu envie de crier quand vous avez parlé encore et encore du « futur » sans jamais aborder les webtoons coréennes qui ont déjà défini le futur du manga… Le futur c’est Line Webtoon (et bientot Line Manga) avec une série comme Tower of God, en France c’est Delitoon avec une série comme Lastman, déjà le futur c’est forcément internet… A la base le format manga est étroitement liée à la prépublication en magazine qui est sur le déclin, c’est pour que ces magazines soient le moins cher possible que les mangas étaient en noir et blanc mais c’est un anachronisme en 2014, ça n’a plus de sens, le format de référence ça ne doit plus être du papier toilette à 2 centimes, ça doit être le numérique qui permet de foutre de la couleur et même parfois de la musique… Les japonais au final ils se retrouvent à la traine de la mouvance « manga » aujourd’hui, désolé pour les puristes mais c’est la vérité… Après ça va pas se faire en deux jours et les gens qui lisent leurs livres sur Kindle y’en a pas encore tant que ça donc les éditeurs francais ont le temps de voir venir mais le chemin est déjà tout tracé.
PS 1 : Pour répondre au débat le manga c’est surtout un découpage dynamique et certains codes graphiques notamment au niveau des visages…
PS 2 : Un des soucis des auteurs français c’est de garder une plus value en se servant de l’identité française comme d’une force. Par exemple Lastman prend un contexte moyen-ageux, c’est génial à mon avis au lieu de vouloir faire plus japonais que les japonais.
Non ! Le futur du manga n’est pas le tout démat. Beaucoup de gens (dont je fait parti) veulent un objet physique à feuilleter, à exposer sur les étagères, avec une belle couverture. Et merci la généralité du « papier toilette à 2 centimes ». C’était peut-être le cas il y a 10 ans mais plus maintenant. On a le droit quasiment tout le temps à des éditions de qualité (chez la plupart des éditeurs). Bref faire cohabiter les éditions physiques et numériques je n’y vois pas d’inconvénient mais passer au tout numérique serait une erreur (c’est mon avis en tout cas).
Je parle des magazines pour le papier de mauvaise qualité biensûr. Pour le débat numérique / physique je pense que les mecs de Lastman ont tout compris avec une diffusion sur le net et la vente d’une édition collector sous sachet.
J’ai du mal à comprendre ton raisonnement.
Tower of God est un manhwa, tout comme les œuvres coréennes de Delitoon.
On n’est clairement pas dans le domaine du manga.
Lastman, de l’aveux même d’Ahmed, ne peut être considéré comme un manga.
Finalement, on essaye d’y mettre ce que l’on veut dans le terme « manga », ce qui nous arrange.
Un manga c’est japonais, tout ce qui, mondialement, essaye de graviter autour sont d’autres productions, au mieux de sous-genres, mais essentiellement des productions localisées inspirées. Même Akata utilise le terme de « BD », et non manga, pour désigner Arkylon.
Le manga il évoluera comme les japonais voudront qu’il évolue. Car c’est leur création, c’est leur histoire, c’est leur culture.
Non le manga ne leur appartient plus justement, c’est ça qu’on te dit. Il n’y a que les intégristes japanophiles les plus fervents pour vouloir leur réserver le terme manga. 99% des gens n’en ont rien à faire que le mec soit japonais ou coréen ils appelleront ça « manga ». C’est un débat d’arrière garde de toute façon qui n’a aucune importance à part pour les japanophiles qui aiment le Japon plus qu’ils n’aiment les bd dynamiques « style manga ».
Je vois bien que, dans tes propos, tu veux imposer ton avis comme une évidence.
Mais tu mélange des genres qui n’ont pas de rapport direct.
Même Weaper (spécialiste de l’auteur Boichi) le dit ici même : http://www.mangacast.fr/emissions/emissions-de-2014/mangacast-n20-debat-manga-francais-quest-ce-cest-quelle-place-marche/comment-page-1/#comment-2805
Ce n’est pas parce que tu voudras faire de « web comics » des « mangas » que ça en deviendra.
D’ailleurs tu es le premier que j’entends dire ça. Même Ahmed s’en détacherait à coup sur, tout comme il a, sans doute, raison de ne pas mettre Lastman dans la catégorie « manga ».
Ta définition de ce que peut être le manga en devient de plus en plus floue.
On peut suivre quelqu’un qui revendique la triade « simili A5-N&B-graphisme typé », même si ça peut apparaitre un poil grossier, mais là tu proposes un truc un peu fourre-tout assez étrange.
Il n’est pas question de « réserver » un thème à d’éventuels « intégristes ».
Il est question de ne pas utiliser le nom d’un genre fortement encré culturellement à son pays, à tort et à travers.
On n’est pas obligé d’user des mêmes ficelles qu’Ahmed (« racisme », « tous des chinois ») pour soutenir son propos.
Que des générations d’auteurs de BDs, dans le monde, se revendiquent du manga est tout à fait légitime, et même logique. Quelque part, c’est devenu une part de leur culture.
Mais il ne me semble pas qu’on soit en face de mangas.
Le jour où ces artistes produiront pour le marché japonais, ils feront du manga.
Là ils travaillent sur des œuvres inspirées par le manga.
Parler de « global manga » (ou de manga français), en tant que sous-genre du manga (lui même genre de la BD), peut être logique. Je l’admets sans aucune difficulté.
Il n’est pas question de dire que, parce que japonais, c’est mieux, et que les français font des trucs nuls. C’est juste de dire que c’est différent, et que l’on tente de redéfinir ce qui était communément accepté (et même intégré à nos dictionnaires et encyclopédie) : manga = bande dessinée japonaise.
A titre personnel, je ne me sens intégriste de rien. Je lis pas mal de BDs d’origines diverses (essentiellement anglo-saxonnes, en dehors des titres japonais, mais plus de franco-belge), et je suis, sans doute, un de ceux qui ont lu le plus de « global manga » dans les personnes qui en parlent ici. En dehors de ce que j’avais lu avant, rien que pour ce numéro j’ai du lire plus de 10 tomes 1 différents.
De la même façon que je ne prends pas les excellents Doggybags pour des comics book (malgré le format et la structure narrative très « pulp’s »), je ne vois pas les œuvres françaises du domaine « global manga » pour des BDs japonaise.
Si tu ne peux pas débattre sans prendre tes contradicteurs pour des « intégristes », ça ne sert à rien de participer.
Défendre des idées ne s’assimile pas forcément à de l’intégrisme. C’est la base républicaine, de pouvoir débattre, et de ne pas avoir en face en de soit quelqu’un qui impose son avis comme une évidence universelle.
Ben écoute je te dis juste qu’à part les japanophiles personne n’en a rien à carrer de faire la différence entre manga et manhwa, c’est tout et oui tu es un intégriste qui veut du 100% japonais au point de faire la chasse aux pseudos c’est toi qui le dit.
Toujours sympa de parler pour les autres.
Le sujet n’étant pas l’intérêt des gens pour les différences manga/manhwa, tu es hors-sujet.
Et je ne fais la chasse à rien. Je conçois des émissions.
Et les mangas de Hayao Miyazaki qui n’adoptent pas les codes actuel du genre (car il s’agit bien d’un genre), qu’est-ce donc ?
http://www.buta-connection.net/mangas/yoro.php
Bien sûr, c’est évident que le manga est l’équivalent Japonais de notre bande dessinée, le problème étant que, contrairement à la bande dessinée ou aux comics, le terme même de « manga » cannibalise toute une culture/industrie et ce n’est – je trouve – d’ailleurs pas étonnant que l’on peine tant à le définir…
Tu as raison.
Et vu que c’est un genre de BD difficile à définir précisément, parce que reflétant beaucoup de styles différents, je trouve plus pertinent (et simple) de me baser sur la signification de manga dans nos dictionnaires et encyclopédies.
La définition est claire, et ne laisse planer aucun doute.
Là où, a contrario, on serait tenté, petit à petit, d’ajouter pleins de styles et d’œuvres supplémentaires, cousinage aidant.
Kubo > J’ai du mal à comprendre quand tu dis de certaines œuvres françaises quelles ne font pas assez japonaise. Pour moi la force de la BD japonaise c’est qu’elle est capable d’aborder n’importe quel sujet dans n’importe quel style. A partir de la, comment on peut définir que l’un fait plus japonais que l’autre ? Surtout quand les univers ne s’inscrivent pas dans la réalité.
Enfin, je pense, j’espère en fait, qu’à terme on ne parlera plus de shonen, shojo, seinen, ni de manga, comics, franco-belge ou autres, mais simplement de BD car c’est ce que tout ces noms veulent dire au final.
Et je pense que ça a déjà commencé depuis une petite dizaine d’année, avec l’explosion des formats et des styles sur le marché français.
En fait si je pense qu’à la limite les shonen, shojo, seinen, etc. pourront disparaitres, je n’en suis pas aussi sûr pour la différence BD / manga. Pour une bonne raison, c’est que le manga est déjà très largement vendu en masse chez nous et que du coup maintenant il est bien plus difficile de changer en disant « bon ben maintenant on dit BD ». Surtout que les codes du manga sont assez éloignés de la BD (notamment pour le côté noir et blanc).
A contrario pour les comics qui ne représentent pas un si gros marché et qui se rapprochent du format BD (surtout avec la couleur) la plupart du temps ils sont souvent (pas tout le temps) catalogués en tant que BD lorsque qu’ils arrivent chez nous et non plus en tant que Comics.
Le manga aborde de nombreux sujets c’est évident, mais pas dans n’importe quel style.
Il a de vrais codes narratifs et graphiques japonais, absolument indéniables et référencés (en moins en partie) dans Making Comics.
Le manga Cesare traite les choses d’une façon, qui n’est pas celles des séries Borgia et The Borgias. Les mangakas traitent l’histoire occidentale à travers leur prisme culturel et sociétal.
C’est ce que je disais pendant l’émission, et jamais démentit par Ahmed : dans tout manga il y a toujours une part du « Japon », rien que dans les rapports sociaux.
Un Emma c’est l’Angleterre victorienne fantasmée des japonais.
Alors oui les titres issus du « global manga » traitent les rapport humains du point de vue français, et sont, donc, forcément déconnectés de cette réelle touche japonaise.
Sans compter que graphiquement peu de titres ont vraiment la patte japonaise. En dehors de Radiant, les influences diverses (européennes, américaines, japonaises) se font fortement ressentir, et deviennent même un argument des éditeurs.
On compte là dedans des titres comme Dreamland, City Hall ou Save me Pythie, dont les influences sont multiples.
On dira ce que l’on voudra, les œuvres du « global manga » ne font pas japonaises. Elle sont assez multiculturelles dans leurs influences.
Ça n’a pas de sens de dire qu’on ne parlera plus de que BD.
C’est aussi démago que Kobito qui veut conclure sur « ce sont des livres ».
Dans tout genre artistique, il y a des genres, des sous-genres, et même des sous-sous-genres. C’est normal.
Ça défini une œuvre selon ses codes, son origine, voir son public.
On peut apprécier un genre, voir un sous-genre (comme le « global manga ») sans essayer de tout généraliser pour ne pas voir les différences qui risquent d’écarter, de fait, le sous-genre de l’appellation globale.
La richesse de la création artistique se fait grâce aux particularismes régionaux qui peuvent influencer des artistes à travers le monde. Il n’y a pas une BD, ils y a des BDs. Autant qu’il y a de pays dans le monde, tout comme le cinéma.
Il reste que le comic book est un sous-genre créé par les USA pour leur marché, le manga pour le marché domestique japonais, le manhwa pour le marché sud-coréen, la BD européenne pour le notre… Ça n’empêche pas les uns les autres de s’influencer, et de faire avancer leur marché local, mais ça ne transforme pas nos œuvres en productions nippones.
D’accord avec Kubo (comme souvent).
D’ailleurs, on peut faire un parallèle vidéoludique avec la série Castlevania qui commence par une production japonaise d’une imagerie fantasmée de l’occident et du mythe du vampire mélangé à leur narration et leur vision du jeu vidéo.
Et là, dernièrement, avec les derniers épisodes produits par un studio occidental, on a une vision artistique et technique d’occidentaux.
Tout le monde voit que c’est pas le même délire.
Même si demain on dit a Bioware ou Betheseda (Studios américains) de faire Final Fantasy XVI et Xenoblade chronicle 2 en gardant une chartre graphique japonaise, on aurait pas des « J-RPG ».
Le rapport à la religion, à la notion de groupe, à la temporalité, à la violence sociale/primale n’ont rien à voir entre les pays. Et donc, dans leur représentation.
Pour en revenir aux mangas, il faut aussi voire que la logique d’édition japonaise en pré-publication influence le média.
Un auteur américain a dit une fois qu’un comic produit de manière mensuel au sein d’un éditeur mainstream en « pay for hire » et un comic produit tout les 6 mois dans un label indépendant en « creator own » c’est pas le même type de BD.
Ben, la production en france de BD c’est pas la même histoire qu’au Japon, je pense.
Merci pour cette émission instructive sur un sujet qu’il faut l’avouer je ne connais pas mais qui est pssionnant 🙂
Kubo >> Là où l’argumentaire de Ahmed me parait biaisé, c’est dans sa comparaison avec le rock. Or, si je considère le rock comme un courant musical, je ne vois pas le manga comme un courant de la BD : « manga », « comics », « bande dessinée », c’est la même chose mais avec des mots différents. A partir de là, je veux bien reconnaitre le terme « manga français », à condition de dire que Astérix est un manga.
J’ai décidé de me fendre d’un article en guise de réponse plus élaborée, il sera en ligne demain.
Pour le coup je te suis pas.
Il me semble que le manga est un genre de BD, au même titre que le comic book. C’est le nom que les japonais donnent à leur industrie de la BD.
Si je devais reprendre l’analogie d’Ahmed, la BD serait le rock, le manga serait un sous-genre du rock, mais un sous-genre intellectuellement localisé (ce qui est rare en musique).
Je considère juste que le manga n’appartient pas à un genre. Mais j’explique pourquoi.
Pour moi manga ≠ BD.
Si je suis le dictionnaire, le sens est « bande dessinée japonaise ». Et ça me convient plutôt bien en l’état.
Si manga = BD, alors Astérix ou X-Men sont des mangas au Japon. Ce a quoi je ne souscris pas du tout 😉
J’ai bien aimé cette émission-là, car ça concerne en fin de compte un sujet que je connais assez mal, mais comme on dit, un peu de culture, ça ne fait jamais de mal.
J’avais acheté à leur sortie des titres comme DYS, Vis-à-vis ou encore Pink Diary et si leur dessin avait du mal à ressembler à du manga (pour le dire crûment, ça n’était pas beau), j’étais surtout attiré par leurs histoires respectives, qui reprenaient facilement les codes de leurs genres respectifs.
Après, j’estime que j’ai déjà pas mal à faire avec les sorties de manga pour en plus m’intéresser à ce qui est produit en France (simple choix, pas un rejet de ma part), mais je garde un œil sur le futur, sait-on jamais…
C’est toute la dualité de la chose. Beaucoup défendent l’idée que le manga est un genre de BD globalisé, mais, en finalité, il n’y a pas grand monde pour acheter.
Pour ma part, parler de « global manga » me semble logique en tant que sous-genre du manga, avec clairement des oeuvres encore majoritairement immatures, bien qu’ayant nettement avancé depuis 10 ans.
Je suis d’accord sur le point qu’un « mangaka » coréen fait du manwha quand il est publié en Corée et du manga quand il est publié au Japon. Mon exemple est bien sur Boichi, Il a radicalement changé son style graphique pour s’adapter au publique japonais quand il est venu s’installer là-bas.
Ceux faient en Corée sont clairement des manwha (couleurs, comic numérique, style simple) alors que ceux du Japon sont de pur manga (noir et blanc, découpage, détails, etc…)
On a clairement des oeuvres différentes selon le marché et l’intention de l’auteur. J’ai du mal à capter pourquoi on voudrait tout mettre dans un joyeux melting-pot. ^^;
d’où l’intérêt de donner un nom spécifique aux manga français. tout comme Manwha pour la Corée ou Manhua pour la Chine
Tout à fait. Le but n’est pas de segmenter pour séparer, et dire qu’untel est mieux qu’un autre, mais pour savoir de quoi on parle.
Si on part du principe que manga = tout ce qui a été influencé de près ou de loin par le graphisme japonais (et donc comics book inclus), on ne sait plus de quoi on parle.
On peut parler de manga sans nécessairement parler de BD en général, et vice-versa.
Je suis lecteur de BD diverses (même si majoritairement provenant des marchés japonais et américains), je ne me sens, donc, pas en rejet des travaux d’une population ou d’une autre (et surtout pas locale, car je suis un vrai amoureux de mon pays), mais j’aime un cadre clair qui ne pousse pas à toutes les interprétations qui finissent par ne plus rien définir du tout. 😉
Je trouve étonnant que vous trouviez problématique le fait que le manga perde peu à peu son identité japonaise. A titre d’exemples, le roman moderne est né en France (les Anglais l’ont sublimé), le jeu vidéo a vu le jour en Amérique (les Japonais en ont fait un art), etc.
D’ailleurs, comme Tezuka est considéré comme le père du manga moderne, il ne faudrait peut-être pas oublier que Disney a été une influence majeure pour l’artiste, aussi il me paraît tout à fait logique que l’Occident s’y intéresse petit à petit. Un échange de bon procédé en quelque sorte.
Si le manga est bel et bien Japonais historiquement parlant, il me semble évident que Ahmed a raison en disant que c’est un débat du passé. La seule nuance qui me paraît importante à apporter est que l’on se trouve à la genèse de la mondialisation (de point de vue de sa conception s’entend) du manga, et qu’il est tout à fait logique que l’influence du Japon soit encore très marquée.
Pour continuer le parallèle fait avec la musique, beaucoup d’artistes américains ont par exemple essayé d’opérer un changement radical d’avec ce qu’il se faisait alors (la musique moderne et post-romantique), limite par principe, « tout en faisant la même chose » ; résultat, si le procédé est intéressant (John Cage, Steve Reich, etc), la musique en elle-même est parfois inaudible tant elle se cantonne à faire de sa différence une soi-disant preuve originalité.
Il faudra sans doute encore beaucoup de temps pour que le reste du monde s’émancipe des mangakas nippons tout en « faisant la même chose ». L’évolution (pas nécessairement le changement) doit se faire en douceur. Bien sûr, la crainte de voir disparaître le manga tel qu’on le connaît aujourd’hui est compréhensible, mais ce qui serait plus dramatique encore serait qu’il stagne et en vienne à mourir de lui-même (« Fairy Tail » étant d’après moi une preuve assez inquiétante). Ce nouvel apport doit être perçu, à mon humble avis, comme une chance de voir le manga se maintenir tout en évoluant plutôt que l’inverse.
Sinon le débat était intéressant !
Dire que le manga a été influencé de façon multiple, c’est évident. Chaque mangaka à ses propres influences.
De la même façon, les japonais ont développé leurs propres techniques narratives, qui ont influencés d’autres artistes à travers le monde.
Scott McCloud l’a bien démontré dans ses 2 ouvrages. Et en a profité pour expliquer que le comic book commençait à utiliser certaines de ces techniques.
Dans un marché culturel mondialisé, il est naturel que les artistes prennent de-ci, de-là. Même si les japonais, eux, travaillent plus en vase clos, que côté occidental.
Malgré tout, ces œuvres inspirées produites chez nous peuvent se revendiquer d’influences multiples.
En dehors de l’exception Radiant, ce qui les relie réellement au « manga traditionnel » c’est la triade « simili A5-N&B-graphisme typé ». Et encore, ce dernier est partiellement vrai, tant graphiquement on trouve de tout.
Le problème que tout cela me pose étant que manga ≠ BD.
On oublie trop souvent que notre propre définition, actée dans nos dictionnaires et nos encyclopédies, est que manga = bande dessinée japonaise.
Bonjour,
Merci pour cette émission des plus intéressantes, à tel point que j’ai envie de me fendre d’un commentaire peut-être plus développé qu’un simple tweet, pour peu que j’arrive à ordonner les idées qui parcourent mon esprit. Je ne prétends pas avoir une quelconque maîtrise ou connaissance sur le sujet, je vais juste essayer de mettre des mots sur ma réaction à l’écoute de l’émission.
Au départ, lorsque j’ai commencé à m’intéresser au manga, je considérais que BD = manga, dans le sens où il s’agissait pour moi d’un même moyen d ‘expression – raconter une histoire à travers des images accompagnées de textes – et que le nom changeait simplement en fonction du pays où l’on se trouvait.
Depuis, ayant accroît ma « culture manga » et lu tout simplement un nombre plus important d’œuvre, je perçois autrement cette différence, du point de vue des codes narratifs et graphiques principalement. Mais pour autant, cela ne n’empêche pas a priori de considérer des œuvres de global manga comme du manga. Comme un sous-genre pourquoi pas, mais appartenant de pleinement à ce genre, en reprenant les codes graphiques, narratifs et cette « intentionnalité » dont parlais Ahmed. Lorsque je me rend en librairie, où que je me renseigne sur un titre avant de l’acheter, je ne fais pas de distinction en fonction de la nationalité de l’auteur, que je dois ignorer avouons-le, dans la plupart des cas.
Un point du propos de Kubo où je ne me retrouve pas – pas entièrement du moins – est cette notion qui serait importante dans le manga de la différentiation entre ce que l’on montre et ce que l’on pense réellement et dont je n’ai pas retenu le nom japonais. Peut-être est-ce du au fait que je ne lis pas beaucoup, voir quasiment pas de shojo ou bien que ma connaissance des mœurs japonaises est beaucoup trop lapidaire, mais ci c’est une notion importante dans la définition de ce qu’est un manga, alors j’ai vraiment l’impression d’être passé à côté de quelque chose… Que certains manga nous disent quelque chose du Japon, de la vision japonaise, je suis entièrement d’accord, sans aller bien loin en piochant dans mes dernières lectures, comme un tome des aventures du nouveau Tom Sawyer, oui. Que ce soit vrai même dans des œuvres ne relevant pas de la tranche de vie, se déroulant dans un futur imaginaire, enfin dans beaucoup d’autres, oui. Dans toutes ? J’ai un gros doute, ce n’est du moins pas mon ressenti. Maintenant je suis peut-être passer à côté de quelque chose mais je pense par exemple à des seinen historiques, comme un Bride Stories ou un Vinland Saga. Makoto Yukimura dont Gregory Hellot disait dans votre dernier numéro de Mangacast qu’il pensait à l’international avec l’histoire des onomatopées présentes sur des calques différents. Est-ce que ce manga nous dit quelque chose du Japon, de la vision japonaise des sagas islandaises ? Je ne le pense pas. De même que je ne pense pas que ce soit vrai pour tous les mangas, ne l’ayant jamais ressenti systématiquement à la lecture de l’un d’entre eux.
Bref, je m’éloigne du propos initial, mais pour moi ce « quelque chose du Japon » n’étant pas systématiquement présent, il ne permet pas à mon sens de créer une barrière nette, une intentionnalité différente entre une œuvre japonaise et une œuvre française pour peu qu’elles répondent au même code narratif ou graphique.
S’il y a une chose où l’on peut tous s’entendre, c’est sur le fait que, quelle que soit notre vision de ce qu’est le « manga », c’est avant tout un membre à part entière de la grande famille de bande dessinée.
Mais, comme le démontrent certains théoriciens de la BD, tels Scott McCloud, il me semble bien y avoir plusieurs genres de BD, le plus souvent localisés géographiquement.
Le manga est d’ailleurs décrit par McCloud comme la BD provenant du Japon (on a d’ailleurs la même définition dans nos dictionnaires et encyclopédies françaises).
Il est clair que ce qu’il y a plusieurs choses qui caractérisent la BD japonaise, entre autres : graphisme particulier, narration, codes visuels propres…
Si je retrouve certains éléments du « manga » dans des oeuvres « global manga », j’y retrouve, aussi, des éléments issus des comics book voir d’oeuvres européennes.
Le global manga s’inspire de multiples origines, et ne garde, finalement, de propre que le format et le N&B, le graphisme n’étant que rarement « pleinement » stylisé manga.
Je suis d’accord pour dire que le GM est un sous-genre du manga, mais dire que c’est un manga en propre, non. C’est effectuer une généralisation malvenue.
Le manga est le nom que donnent les japonais à leur industrie de la BD domestique, par opposition au « comic » (la BD en dehors du territoire nippon, et plus généralement la BD de façon universelle).
S’il me parait légitime qu’une forme de BD qui s’inspire du manga, en prenant certains de ses codes, garde dans son nom (comme dans son ADN) une partie du genre dont elle se réclame, faisant partie de la « grande famille du manga », dire que c’est du manga (terme qui sous-entend que l’on mets des titres nippons et inspirés dans la même boîte) me parait galvaudé.
Le manga c’est la BD nipponne, c’est comme ça qu’ils désignent leur industrie (et ils ne nomment pas un Tintin, manga), c’est aussi comme ça que le français désigne la BD nipponne.
Dès lors, une BD qui s’inspire des productions japonaises, ne peut pas légitimement se dire en être.
C’est un sous-genre évident, c’est un de ses dérivés, mais ce n’est à proprement parler du « manga ».
J’aime bien le terme de « global manga », car ils sous-entend une globalisation (mondialisation) d’un genre domestique, et donc une ré-appropriation de codes, mixés avec des codes locaux.
« C’est aussi démago que Kobito qui veut conclure sur « ce sont des livres » »
M…, j’étais complètement d’accord avec lui. 🙂
Et est-ce qu’il y a des titres de « mangas français » qui valent vraiment le coup ? Alors je sais que c’est une question de goûts mais est-ce que par exemple certains d’entre eux pourraient faire partie de vos coups de cœur ?
Ou bien est-ce que pour l’instant il vaut mieux garder ses sous pour acheter de « vrais » mangas… ?
Je te rassure, je ne me sent pas démago, je pense avoir une opinion qui est différente. Je ne flatte personne et n’ai aucun préjugé quand la qualité est là. Après la qualité est une question de gout et d’expérience. Si je devais te donner des idées de titres, je te dirai : City Hall, Dreamland et omega complex.
Bien sur que ce sont tous des livres, ce sont même toutes des BDs. 😉
Mais de la même façon que répondre « ce sont des livres » à la question « que penses-tu de la littérature SF française ? », répondre ça à la question « qu’est-ce que le manga français ? », c’est un peu démago, mais surtout hors-sujet ! ^^;
Jusque là, je n’ai pas lu de titre classifié « global manga » que je sélectionnerais.
Il y a de bons titres, mais je n’ai pas (encore) lu de grande œuvre.
Ce qui est compliqué dans l’appréciation de ces ouvrages, c’est qu’ils lorgnent vers de multiples influences, tout en essayant de se raccrocher au wagon du manga.
J’ai le sentiment que c’est encore un genre très immature, mais on est, peut-être, à l’aube de quelque chose de nouveau, avec des titres vraiment bons, qui changeront la vision que l’on peut en avoir.
Des titres que j’ai lu, je retiendrais Radiant, très qualitatif (surtout graphiquement), City Hall, titre un peu hybride mais intéressant, les Cités d’Or dont j’ai apprécié l’adaptation, et Appt.44 dont j’aime le style de l’auteur. Les Torches d’Arkylon, chez Akata, n’a pas l’air mal non plus.
Salut à tous,
Je commence comme toujours par vous remercier pour votre travail, et pour ces superbes émissions qui m’accompagnent lorsque je dessine… des mangas (???).
J’avoue que je ne plus très sûr des termes à utiliser après cette émission, pour moi (juste pour moi, hein), le manga est devenu (en France) une sorte de genre à part entière au sein de la BD.
Plus qu’un style graphique, je le considère comme un style narratif, une manière de raconter les histoires différemment que dans le franco-belge. Travailler avec un story-telling plus dynamique et surtout, avoir le temps de développer ses personnages, son intrigue, etc.
Ce qui est (à mon avis, et à mon gout) plus difficile dans un 48 pages couleurs classique franco-belge.
Ensuite, Kubo, je suis totalement d’accord avec toi : le manga c’est la BD japonaise, produite pour le marché japonais, lu par des japonais (dans un premier temps, heureusement pour nous).
Pour infos, il y a eu de très bons Global-manga, je pense à Sanctuaire Reminded, publié dans feu Shogun au édition humano.
Pour ma part, j’ai toujours tendance à dire que je fais des mangas parce que c’est la BD dans laquelle je suis tombé lorsque j’étais gamin, qui reste ma référence, en terme de story-board notamment, et surtout que j’aime par dessus tout.
Les auteurs qui m’inspire dans mon travail, son quasiment tous des auteurs japonais (avec quelques américains). Lorsque je pense à une nouvelle histoire, je réfléchie en terme de Seinen, de Shonen (j’ai même envie de faire un Shojo en ce moment).
Par facilité, je présente donc mon travail comme des mangas. c’est probablement une grossière erreur, je ne produis pas pour le marché japonais et donc, effectivement, si l’on s’en tient à la définition, je ne fais pas de manga (je suis triste d’un coup…).
Mais je suis aussi d’accord avec Kobito lorsqu’il dit que tout cela ne sont que des livres. Que veut un auteurs lorsqu’il passe 12 heures par jours à bosser sur ses planches? Que le lecteur, qui par miracle à acheté son bouquin, est du plaisir à la lecture, s’évade, soit ému, se marre parfois.
La seule chose que je voudrais dire aux auditeurs, c’est que ces global-manga, ses auteurs français qui s’inspirent des mangakas sont vraiment honnêtes dans leurs démarches, il n’y a pas calcul, juste de la passion.
Je vais vous raconter une anecdote qui n’a peut-être rien avoir avec la semoule : Un jour je vais dans une librairie du côté de Toulouse pour m’acheter des mangas que je voulais lire dans le train du retour. En discutant avec le libraire, il finit par comprendre que je fais de la BD. Lorsqu’il me demande ce que je fais, je réponds que je dessine des global-manga. Le libraire me regarde et me dit que bien sur tout cela n’est pas honnête, je dessine ça pour l’argent (il ne doit pas être au courant des tarifs à la planche pour les dessinateurs d’aujourd’hui). J’ai quand même acheter mes mangas, mais sortant j’étais un peu triste de me dire qu’en 2013, nous en étions encore là et que ce gars m’était en cause l’honnêté de mon travail.
Bref, j’ai hâte d’écouter la prochaine émission et comme cela fait longtemps que je ne vous ai pas embêté avec ça, je vous demande si vous ferez une spéciale Saint Seya.
La bise à toute l’équipe, et Black-jack nous manque.
A plus
Je suis tout à fait en accord avec toi. Il y a clairement un genre de BD qui s’inspire des codes du manga, de certaines méthodes de travail, et de la pagination de la BD japonaise.
Mon seul « souci » est qu’on veuille appeler ça « manga », alors que le manga c’est bel et bien la BD japonaise.
Je le redis j’aime utiliser le terme de « global manga », car il correspond à mon idée des BD qui tentent de se rapprocher de ce que produisent les japonais, avec la notion de BD japonaise globalisée (internationalisée).
J’imagine tout à fait que ces travaux sont faits par passion, sans calcul aucun, et, sans doute, parce que c’est, pour une certaine génération d’artistes, leur référence BD absolue.
Mais j’ai du mal avec ceux (artistes compris) qui voient les auteurs de « global manga » comme des « mangakas ». Il ne me semble pas y avoir beaucoup de logique à utiliser des termes japonais (même si leur sens est générique) pour signifier un rôle qui existe dans notre langue.
Et c’est la même chose pour les catégories de « global manga ». Voir un titre français catégorisé « seinen » ou « shôjo », ça me fait bizarre.
On peut très bien dire « aventure », « romance », « thriller »… Ce sont des BDs locales (même si inspirées par les BDs japonaises), pourquoi user de termes japonais ?
Merci à toi (une nouvelle fois) pour ta participation.
Il est très intéressant d’avoir l’avis d’un artiste sur cette question. 🙂
Je pense que le manga se définit grâce aux codes graphiques japonais, c’est-a-dire globalement la simplification des trais et les expressions faciales du genre.
Je pense aussi que dire que le manga doit être japonais pour être un manga est assez réducteur, puisque dans le cas où un français fait un manga directement au japon, on pourrait remettre en question la validité de l’oeuvre.
Selon moi, respecter les règles générales du manga sont le plus important, et ça prends en compte la façon très cinéma de narrer et décrire l’action, ainsi que le format poche. La particularité d’utiliser les trames et de faire du noir et blanc reste en seconde plan puisque certains manga utilisent de la couleur, que ça se globalise sur le tome entier ou non.
J’ai 19 ans, je créé toute une histoire, un scénario dans l’objectif de faire du manga mais je suis français.
Les codes de la bd changent selon les pays. En regardant une bd française, ou un comics ou encore un manga, on remarque des signes distinctifs pour les différents types mais ça ne s’arrête pas simplement au pays, c’est le style graphique et l’intention de l’auteur qui définissent le type. Ce qui change dans BEAUCOUP DE CAS (en fonction de ce que l’auteur souhaite raconter) entre un manga français (je préfère ce terme) et un manga qui vient d’un auteur japonais c’est l’intérieur; en fonction des connaissances et de la culture de l’auteur, mais aussi la façon dont les personnages sont traités et pensent.